CFTC : bientôt 100 ans au service du monde du travail

LES PREMIERS SYNDICATS CHRETIENS
DEFENDENT LES INTERETS DES TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS

1887
Des militants chrétiens fondent le syndicat des employés du commerce et interprofessionnels (Seci). Et bientôt à Lyon, vont naitre les premiers syndicats féminins chrétiens…
1886
En 1886, est créé le syndicat des journalistes chrétiens.
1884
En 1884, la loi WALECK-ROUSSEAU autorise la mise en place des syndicats.

AVEC LA CFTC, NAISSANCE DU PLURALISME SYNDICAL

Les 1er et 2 novembre 1919, rue Cadet, à Paris, 200 délégués représentant 350 organisations votent à l’unanimité la constitution de Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC). La CFTC regroupe déjà une grande diversité de métiers et couvre de nombreuses régions.
Le 1er président est Jules Zirnheld (1876-1940). Le secrétaire général est Gaston Tessier (1887-1960). L’organisation se réfère notamment à l’encyclique Rerum Novarum (publiée en 1891par le pape Léon XIII, cette encyclique reconnaît les droits des ouvriers et dénonce la misère ouvrière) et accueille toutes les travailleuses et tous les travailleurs acceptant d’appliquer les idéaux de la morale sociale chrétienne. Fidèle à l’oeuvre des premiers syndicats, la CFTC met en place des bureaux de placement, des services juridiques, des caisses d’entraide et des services sociaux.

Dès sa création, en 1919, la CFTC a une vision internationale et est soucieuse du bien-être des travailleurs au-delà des frontières nationales. Elle participe à la fondation de la confédération internationale des syndicats chrétiens (98 délégués représentant 3,5 millions de salariés, essentiellement européens).

LES FEMMES PEUVENT ADHERER A UN SYNDICAT SANS L’AUTORISATION DE LEUR MARI

Très tôt (vers 1899), la CFTC a vu naître et se développer les premiers syndicats féminins. Tout en étant affiliés à la CFTC, les syndicats féminins chrétiens conservent une large autonomie organisationnelle qui favorise l’émergence de fortes personnalités. Ces militantes développent un discours et des pratiques axés sur la défense du travail féminin mais aussi pour la possibilité pour les femmes mariées de rester au foyer. L’action de Marie-Louise Rochebillard (1860-1936), pionnière du syndicalisme féminin, préfigure les combats pour le respect de la personne dans sa globalité et ses choix de parcours de vie. La présence, dès 1919, de plusieurs syndicats féminins dans les structures membres de la CFTC attestent de la large audience de la CFTC parmi les travailleuses.

DE NOUVEAUX DROITS DEBATTUS DANS LES ANNEES 30

La CFTC formalise ses propositions qui se concrétisent par exemple en 1932 avec la loi généralisant les allocations familiales à l’ensemble des salariés et, en 1936, avec le « Plan CFTC ». Publié le 15 mai 1936, ce plan propose un salaire minimum, la réduction de la durée du travail, des logements sociaux, les conventions collectives, etc.
1936
En 1936, les salariés obtiendront finalement notamment la semaine de 40 heures de travail et deux semaines de congés payés. A l’époque deux tendances s’affrontent : la CGT, révolutionnaire, en tant que syndicat instrument de la révolution politique, et la CFTC réformiste, entant que syndicat fer de lance pour transformer la société

SECONDE GUERRE MONDIALE : LA CFTC DIT NON A VICHY

Le 15 novembre 1940, des responsables de la CFTC et de la CGT se réunissent clandestinement et publient le « manifeste des douze », qui est à la fois un acte public d’opposition à la politique du gouvernement de Vichy et une analyse du rôle du syndicalisme présent et à venir.
1943
En 1943, ces deux organisations syndicales participent à la constitution du conseil national de la Résistance. (CNR)
1944
Le CNR comptait dans ses rangs des représentant de partis politiques mais aussi des syndicalistes. Pour la CFTC, Gaston Tessier et Georges Bidault participent à l’élaboration du « programme d’actions de la Résistances », publié le 15 mars 1944. Ce programme comportait à la fois un « plan d’action immédiat » et un ensemble de « mesures à appliquer dès la libération du territoire ». Il contenait un volet politique et un volet économique et social, qui fut repris et appliqué à la Libération. On y trouve notamment les projets de nationalisations, de sécurité sociale et de comités d’entreprises.
A la fin des années 40, la CFTC refuse la fusion avec la CGT. Attachée au pluralisme syndical – synonyme de démocratie – la CFTC refuse la constitution d’une seule force syndicale monolithique.

L’APRES-GUERRE, LA CFTC ACTIVE AU SEIN DES ORGANISMES PARITAIRES

En octobre 1945, le gouvernement provisoire d’après-guerre signe une ordonnance assurant la création du système de sécurité sociale obligatoire pour tous les salariés. Elle s’accompagnera d’une refonte du principe des assurances sociales et d’une reconnaissance du rôle des complémentaires et des mutuelles. À la libération, les idées de la CFTC se retrouvent dans les nationalisations, dans l’appel général en faveur du redressement du pays…, ses militantes et militants agissent dans les comités d’entreprise, à la sécurité sociale…
1947

En avril 1947, à l’occasion des premières élections des administrateurs de la sécurité sociale, la CFTC obtient 26 % des suffrages. Au fil des années et des réformes, la gestion paritaire se déploie et la CFTC, avec les autres OS, participe à la gestion de la formation professionnelle, de l’Unédic,…

DANS LES ANNEES 60 … LA CFTC REFUSE LA POLITISATION DE SON COMBAT

1968
Les accords de Grenelle sont négociées par les représentants du gouvernement Pompidou, des syndicats et des organisations patronales. La délégation CFTC est conduite par Jacques Tessier. Conclus le 27 mai 1968, ils aboutissent notamment à une augmentation de 35% du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) et de 10 % en moyenne des salaires réels. Les accords de Grenelle prévoient aussi la création de la section syndicale d’entreprise. La loi du 27 reconnait un contre-pouvoir syndical dans l’entreprise.
1964
Le congrès CFTC de novembre 1964, au Palais des Sports à Paris, aboutit à la scission du mouvement en deux organisations syndicales distinctes : la CFTC et la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail). La CFTC élit Joseph Sauty à sa tête et refuse la politisation au service de la lutte des classes. Elle prône un syndicalisme indépendant des partis politiques, favorisant le dialogue et la négociation.
1963
La grève générale des mineurs des Charbonnages de France a comme revendication principale le rattrapage du retard des salaires miniers sur ceux de l’industrie privée. Les conditions météorologiques de la fin d’hiver étant particulièrement rudes, le gel des canaux perturbe l’approvisionnement de la région parisienne en combustible. Le gouvernement craint une aggravation de la pénurie. Le 4 mars, le général de Gaulle signe un décret portant réquisition des mineurs qui reste lettre morte : les grévistes réquisitionnés ne cèdent pas. La grève est lancée par la CFTC. Elle débute le 1er mars et est tout de suite très suivie. Le mouvement prend une ampleur nationale, avec des manifestations sur tout le territoire, y compris à Paris. Le travail ne reprend que début avril, après la signature d’un accord portant sur une hausse des salaires de 6.5 % au 1er avril, portée à 8 % en octobre, puis enfin à 11 % en janvier 1964.

LES ANNEES 70-80 : ACCOMPAGNER LA PERSONNE DANS SA GLOBALITE

Dans un contexte économique défavorable, avec un essor sans précédent du chômage, les personnes et la société sont fragilisées. Les combats de la CFTC sur l’ensemble des pans de ce qui constitue la personne humaine – une personne engagée dans une vie professionnelle, une vie familiale, une vie citoyenne… Apparaissent plus pertinents encore. Soucieuse de la personne humaine dans sa globalité, la CFTC prend part à de nombreuses innovations sociales : formation professionnelle continue, généralisation des retraites complémentaires, chèques vacances, RMI…
1980
En 1980, grâce à son président en exercice, Jacques Tessier, la CFTC fait voter une loi qui permet aux demandeurs d’emploi d’être considérés comme travailleurs : ils peuvent ainsi maintenir leur droit à la retraite.
1984
En 1984, la CFTC s’engage avec succès dans la bataille en faveur de la liberté scolaire.
1985
En 1985, elle soutient la création de l’allocation parentale d’éducation.
1988
La CFTC initie les conventions de conversion, qui ont pour objet de contribuer au reclassement des salariés licenciés pour raison économique ou menacés d’un licenciement économique en leur permettant de trouver une formation appropriée et de pouvoir bénéficier d’un revenu de remplacement sous forme d’une allocation spécifique de conversion.

VALEUR ET IDENTITE DE LA CFTC

La CFTC veut mettre le travailleur au centre de sa vie, le rendant acteur au maximum de ses choix et de son avenir lorsque cela est possible. Pour ce faire, elle préconise que les parcours soient sécurisés pour que chacun puisse vraiment faire des choix, sans subir une situation ou un système. Dans le même ordre d’idées, l’organisation syndicale laisse une grande liberté aux syndicats qui la composent, conscients qu’ils sont plus au fait de la réalité pour défendre sur le terrain les travailleurs. C’est ce qu’elle appelle le principe de « subsidiarité ». Cela ne l’empêche pas de rappeler à l’ordre, voire de mettre sous tutelle certaines organisations.La CFTC s’affirme indépendante de tout parti et de toute organisation. Pour elle, la référence au christianisme s’entend comme attachement à la doctrine sociale chrétienne (solidarité, fraternité, justice sociale…), pas comme une identité confessionnelle. Les adhérents ne sont pas forcément chrétiens mais se retrouvent dans les val eurs prônées par la CFTC.

APRES 1988

En 1990 Le syndicat est favorable aux 35 heures, aux emplois-jeunes, à l’élaboration de la loi de 1998 contre les exclusions et à la loi créant la CMU.

En 1991 Avec son nouveau slogan, la CFTC se positionne au-delà des seules relations de travail, elle affiche plus clairement encore le sens donné à son action depuis des décennies : défendre la qualité de vie au travail et les parcours de vie, non seulement au travail, mais également en dehors de l’activité professionnelle. En 2006, il présente son projet du statut du travailleur, lancé par un « rapport-programme » dès 1999 et concrétisé par un groupe de travail depuis 2003. Entre 2001 et 2006, aux élections des comités d’entreprise, la CFTC est la seule confédération syndicale à progresser, avec 6,8 % en 2006, 6,7 % en 2003, 6 % en 2001, contre moins de 5 % quelques années plus tôt. Toutefois, avec la loi du 20 août 2008 « portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail », la CFTC n’est pas à l’abri de perdre, dans plusieurs entreprises et branches professionnelles, sa représentativité.

La CFTC a un projet de société pour sécuriser l es parcours de vie : le statut du travailleur. Sur les différentes étapes qui jalonnent la vie professionnelle, la CFTC a examiné les risques de ruptures et envisagé des mesures qui pourraient soit les éviter, soit permettre de rebondir après ces ruptures. Il s’agit de permettre la construction du parcours professionnel et la mobilité choisie. Depuis sa conception, le statut du travailleur s’est vu décliné dans un certain nombre de droits rattachés à la personne comme le CPA, les droits rechargeables… Mais aussi la portabilité du DIF et des complémentaires santé qui permet aux salariés de conserver leurs avantages même après une rupture de contrat de travail. Sans cesse actualisé, le statut du travailleur de la CFTC est un projet visionnaire et réaliste. Il porte des propositions concrètes qui revendiquent la primauté de la personne sur les exigences de l’économie. Attachée dès ses premières heures à la participation des salariés aux fruits de l’expansion de leur entreprise, la CFTC milite aujourd’hui pour un élargissement de la participation est obligatoire seulement dans les entreprises de plus de 50 salariés. La CFTC est favorable à la diminution du temps de travail afin, à la fois, de partager le travail et d’apporter, sur le plan individuel, plus de temps libre aux travailleurs (ainsi susceptibles d’améliorer leur vie familiale leur vie familiale d’amé liorer leur vie familiale, associative….)

Le 1er mai 2008, la CFTC rassemble près de 6 000 personnes lors de son défilé unitaire à Paris autour du thème du pouvoir d’achat.

En 2010, la CFTC formule des propositions pour réformer le système des retraites et participe aux cinq grandes journées de manifestations. Elle dénonce la plupart des mesures prises par le ministre du travail Éric Woerth dans sa réforme. Le syndicat réclame une hausse des cotisations vieillesse et une taxation des nouveaux revenu s du capital ; il propose, notamment, une taxe de 3 % sur les bénéfices non réinvestis et demande un élargissement de l’assiette des cotisations à certains revenus : stock-options, retraite-chapeau, participation, intéressement. Il propose aussi une augmentation d’un point de la CSG , ce qui permettrait de générer onze milliards d’euros de ressources, et qu’une partie de la CSG soit « fléchée », avec un contrôle effectif de l’affectation des sommes versées à la branche vieillesse. La CFTC demande en plus que l’ensemble des allègements de cotisations sociales soit compensé au centime près par des impôts.

En 2013, la CFTC confirme sa place importante sur l’échiquier syndical. La mesure de l’audience syndicale met en lumière le poids de la CFTC : 10,62 % sur l’ensemble des cinq organisations représentatives au niveau national ! La loi du 20 août 2008 a modifié les règles de représentativité syndicale. Elle a supprimé la représentativité irréfragable et a institué de nouveaux critères de représentativité pour les organisations syndicales (OS) de salariés. Désormais, la représentativité des OS est reconnue sur l a base de critères adaptés aux niveaux de l’entreprise, de la branche et de l’interprofessionnel. Le critère de l’audience est la clé de voûte de la représentativité syndicale. Au niveau national et interprofessionnel, comme au niveau d’une branche professionnelle, une OS doit recueillir au moins 8 % des suffrages exprimés pour être représentative et donc pouvoir signer des accords collectifs. La mesure de l’audience résulte de l’agrégation des résultats des OS aux élections professionnelles sur un cycle de quatre ans. La représentativité de la CFTC dans chaque branche et au niveau interprofessionnel est donc évaluée tous les quatre ans.

La CFTC milite aujourd’hui pour un élargissement de la participation à toutes les entreprises, quelle que soit leur tail le (actuellement, la participation est obligatoire seulement dans les entreprises de plus de 50 salariés). La CFTC est favorable à la diminution du temps de travail afin, à la fois, de partager le travail et d’apporter, sur le plan individuel, plus de temps libre aux travailleurs (ainsi susceptibles d’améliorer leur vie familiale, associative … ).

En 2016 à travers le débat sur la loi Travail, la CFTC prône un dialogue social au plus près des salariés. Elle défend la négociation dans l’entreprise et œuvre au renforcement des branches. La CFTC a permis de développer le Compte Personnel d’Activité, le droit à la déconnexion ou encore l’accompagnement des jeunes à la recherche de leur premier emploi.

2017

La CFTC favorise la négociation, la discussion, jusqu’ à la médiation avant toute action plus revendicative. Pour cette organisation, la grève n’est que l’ultime solution lorsque tous les autres moyens n’ont pas donné satisfaction.Parmi ses chevaux de bataille, la CFTC insiste sur le fait que la vie ne se limite pas au travail. Cette valeur est et a été à la base de nombreux combats, de la mise en place des allocations familiales par exemple jusqu’à la défense du repos dominical en tant que journée commune à la plupart des citoyens pour la vie de famille, les loisirs, le sport, l’engagement bénévole, etc. Pour la CFTC, la société ne doit pas se limiter à la consommation.Dans le cadre de la réforme de la représentativité syndicale issue de la loi du 20 août 2008, l’audience des organisations syndicales a été mesurée au niveau national et interprofessionnel, pour la deuxième fois. Avec une audience nationale de 9,49 % et 497 361 voix, la CFTC progresse par rapport au premier cycle (2009 -2012). Elle prouve ainsi son ancrage dans le paysage syndical français et continue à peser dans toutes les négociations. L’année a été également marquée par la réforme du Code du travail. Durant la période de concertation qui a précédé la rédaction des ordonnances, la CFTC a défendu des propositions tenant compte des évolutions e n cours dans le monde du travail. Certaines ont été entendues et figurent dans le texte final : le maintien de la possibilité de recourir au mandatement pour préserver la mission de négociation des organisations syndicales, la préservation de l’ensemble de s attributions des instances qui fusionnent pour donner le CSE, la barémisassions des indemnités prud’homales en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse mais aussi l’inscription dans le texte de la notion de « liberté fondamentale », plus large q ue les limites antérieurement fixées (discrimination, harcèlement). Enfin, sur le plan interne, la CFTC a procédé à une réorganisation géographique : les structures régionales ont dû fusionner pour s’adapter à la réforme administrative. Un chantier complexe qui, s’achèvera en 2018 par la fusion entre les unions régionales Auvergne et Rhône-Alpes. La CFTC peut ainsi compter sur un mouvement réorganisé, plus solide, pour mieux défendre les salariés.

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