Evolution du pouvoir d’achat des fonctionnaires en 2023
Après une année record d’inflation en 2022 et une augmentation du point d’indice de 3,5% en 2022 bien insuffisante suite à des années de blocage, le ministre de la Fonction Publique, Stanislas Guérini, a réuni l’ensemble organisations syndicales de la fonction publique le 12 juin 2023.
Il a annoncé les mesures pour le pouvoir d’achat des agents publics, et ce, dans un contexte d’inflation et d’accentuation du tassement des grilles indiciaires consécutive au dernier relèvement du minimum de traitement de la fonction publique, effectué à la suite de l’augmentation du SMIC, au 1er mai 2023.
Le ministre a indiqué notamment :
- Le point d’indice de la fonction publique va être revalorisé de 1,5% au 1er juillet prochain.
- Au 1er janvier 2024, tous les fonctionnaires se verront attribuer 5 points de plus, soit 25 euros bruts de plus par mois.
- Une prime de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires qui gagnent moins de 3.250 euros bruts par mois sera octroyée dans la fonction publique d’État et hospitalière mais laissée à la discrétion des collectivités territoriales.
- Les agents situés en bas dans la grille, principalement dans la catégorie C et quelques échelons des catégories B, verront aussi augmenter leur nombre de points, jusqu’à 9 points supplémentaires, à partir du 1er juillet
Pour autant, ces mesures insuffisantes de pouvoir d’achat des agents publics ne doivent cacher les problèmes récurrents des carrières qui sont actuellement un des freins, avec les rémunérations, à l’attractivité de la Fonction Publique chez les jeunes. Si le ministère de la Fonction Publique s’est engagé (en juillet 2022), à concerter sur ce sujet, rien de concret jusqu’alors.
Pour la CFTC il est urgent que le gouvernement procède à une vraie revalorisation des salaires dans la fonction publique. Si l’attractivité n’est pas qu’une question de rémunération, on ne peut plus écarter ce sujet au vu de l’inflation. Les mesures annoncées ne sont vraiment pas à la hauteur de la situation.
Dans le même ordre d’idée sur le pouvoir d’achat, dans la tribune publiée dans Acteurs Publics, le vice-président national du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), Emmanuel Gros, souligne “l’urgence” qu’il y a à faire évoluer le point d’indice de la fonction publique, notamment pour “redynamiser l’attractivité” des emplois publics. Mais, explique celui qui est aussi directeur général des services de la ville de Vannes, cette revalorisation “doit s’accompagner d’une vraie réforme” pour “redonner du sens” aux rémunérations.
Le constat est hélas partagé par tous. Avec la dernière évolution du Smic appliquée à la fonction publique résultant du maintien d’une inflation élevée, pourquoi passer des années à étudier, passer un concours, pour gagner environ 130 euros de plus que le
Smic en début de carrière pour les agents de catégorie A ? Rien ne vient plus reconnaitre la prise de responsabilité, alors que l’engagement pour le service public mérite aussi sa juste rémunération.
Le tassement des grilles est devenu catastrophique pour la gestion des ressources humaines, et vient encore aggraver le déficit d’attractivité des emplois de la fonction publique.
Il est donc parfaitement logique aujourd’hui de constater que des milliers de postes ne sont pas pourvus. Et ce n’est pas le fait d’être fonctionnaire ou contractuel qui vient changer la donne.
Pour les catégories C, le décrochage est tel dans le contexte actuel d’inflation qu’il est impératif de revaloriser le point d’indice, seule mesure qui concernera l’ensemble des agents de toutes les catégories, sans aggraver le constat ci-avant rappelé, mais sans le résoudre pour autant.
Car, au-delà des catégorie C, il faut aussi que tous les autres s’y retrouvent. Or ce n’est jamais le bon moment, et de bon moment il n’y aura jamais. Particulièrement pour la territoriale : les difficultés du secteur hospitalier sont, elles, bien comprises et en partie traitées, et l’État vient de le faire pour ses administrateurs. Mais les échelles de rémunération des dirigeants territoriaux n’ont ainsi pas été revalorisées depuis plus de… vingt ans !
C’est pourquoi il faut redonner du sens aux rémunérations. Et l’augmentation du point d’indice pour tous doit s’accompagner d’une vraie réforme qui ne pourra se contenter de l’ajout de points aux grilles de rémunération les plus faibles, ou de mesures catégorielles, qui ne feraient qu’accroître les inégalités au regard de l’écrasement des grilles.
Cette réforme est possible et tout aussi urgente que l’évolution du point d’indice.