Source : https://www.fonction-publique.gouv.fr/etudes-statistiques-et-publications/etudes-statistiques
Auteur : Anthony CARUSO
Dans la fonction publique, en 2021-2022, 20 % des agents souhaitent travailler plus d’heures avec une hausse de rémunération, contre 23 % des salariés du privé. C’est plus souvent le cas dans le versant territorial, où 27 % des agents souhaitent travailler davantage. À l’inverse, 5 % des agents préféreraient travailler moins quitte à réduire leurs revenus. Le souhait de travailler plus concerne davantage les parents isolés et les jeunes de moins de 30 ans (29 %).
C’est aussi le cas pour un tiers des agents en CDD (34 %), ce type de contrat étant très rarement choisi et souvent à temps partiel. Les agents occupant des métiers moins qualifiés sont également plus demandeurs d’une augmentation du temps de travail et de la rémunération associée.
Souhaiter un autre emploi est moins répandu dans la fonction publique que dans le privé (13 % contre 17 %). Cette volonté s’exprime d’abord chez les agents en CDD (22 %) mais aussi parmi les professions intermédiaires de la santé et du travail social (20 %). Les agents en CDD évoquent en premier lieu des raisons financières, mais aussi de stabilité d’emploi, tandis que les fonctionnaires ou contractuels en CDI mettent davantage en avant les conditions de travail, notamment dans la fonction publique hospitalière.
Sur la période 2021-2022 (voir encadré Source, champ et définitions), un agent de la fonction publique1 sur quatre souhaiterait une évolution de son temps de travail avec une évolution de salaire correspondante: un sur cinq souhaiterait travailler plus d’heures avec une hausse de revenu, tandis que 5% préféreraient une baisse de leur temps de travail et de leur rémunération (Figure 1). Les agents du secteur public sont un peu moins nombreux que les salariés du privé à souhaiter travailler plus (20%, contre 23%). Cette proportion est toutefois plus importante dans la fonction publique territoriale – FPT (27%), alors qu’elle est plus faible dans la fonction publique de l’État (FPE) et dans la fonction publique hospitalière – FPH (respectivement 16 et 17%). Ce souhait de travailler davantage dans la FPT s’explique pour partie par l’exercice de métiers en moyenne moins qualifiés et moins rémunérateurs, et par une plus forte proportion d’emplois en contrat à durée déterminée, souvent associés à une durée hebdomadaire de travail faible (DGAFP, 2023).
Les hommes, les jeunes et les personnes seules avec enfants souhaitent davantage travailler plus
Le souhait de travailler davantage avec un salaire adapté est plus fréquent parmi les jeunes, les hommes et les parents isolés. Ainsi dans la fonction publique, 28% des agents de moins de 30 ans émettent ce souhait, contre 15 % de ceux âgés de 50 ans et plus (Figure 2). C’est aussi le cas de 29% des parents qui élèvent seuls leurs enfants (essentiellement des mères pour 82%), contre 15% des femmes en couple, avec ou sans enfants. Pour un adulte seul, la présence d’au moins un enfant dans le foyer augmente substantiellement la probabilité de vouloir travailler plus, à type d’emploi comparable. Les personnes en couple, hommes ou femmes, sont moins enclines à vouloir travailler davantage que les personnes seules. La présence d’enfants chez les couples, notamment de jeunes enfants, tend à réduire cette volonté chez les femmes. Les hommes sont par ailleurs plus nombreux que les femmes à souhaiter travailler plus (22% contre 19%), qu’ils soient seuls ou en couple, avec ou sans enfants.
Dans la fonction publique, un agent en CDD sur trois souhaite augmenter son volume horaire
Travailler en CDD augmente substantiellement la probabilité de vouloir travailler davantage : 34 % des contractuels en CDD de la fonction publique souhaiteraient une augmentation de leur volume horaire et de leurs revenus (Figure 3), soit une proportion deux fois plus élevée que pour les fonctionnaires et agents contractuels en CDI (respectivement 17 et 18 %). Plus souvent à temps partiel**, ces contrats sont en effet rarement choisis par leur titulaire, notamment dans la fonction publique (Minni, 2023). De fait, le volume horaire effectué dans le ou les emplois occupés influe fortement sur le souhait de travailler davantage: les agents dont la durée de travail habituelle*** est faible sont plus nombreux à souhaiter augmenter leur temps de travail, et inversement. Ainsi en 2021-2022, 31% des agents de la fonction publique travaillant habituellement moins de 35 heures par semaine souhaitent augmenter leur volume horaire, contre 19 % des agents qui travaillent entre 35 et 40 heures, et seulement 12% de ceux qui travaillent plus de 40 heures (Figure 4a). Dans la FPT en particulier, 42% de ceux qui travaillent moins de 35 heures par semaine souhaiteraient travailler davantage****.
A contrario, les agents qui souhaitent réduire leur temps de travail sont surreprésentés parmi ceux qui font un nombre d’heures habituellement élevé: parmi les agents publics qui travaillent plus de 40 heures, 7% souhaiteraient travailler moins au prix d’une baisse de rémunération, contre 3 % parmi ceux qui travaillent moins de 35 heures (Figure 4b). Dans la fonction publique hospitalière, notamment, 11% des agents dont l’horaire hebdomadaire habituel dépasse 40 heures souhaiteraient travailler moins quitte à gagner moins*****.
Enfin, les agents qui exercent des métiers moins qualifiés (et donc moins rémunérateurs) sont plus souvent volontaires pour augmenter leur volume de travail et la rémunération associée: c’est le cas dans la fonction publique de 29% des ouvriers, 26% des agents de service ou des employés administratifs et 25% des aides-soignants et professions assimilées, contre 13 % parmi les cadres et les professionnels de l’enseignement secondaire et supérieur.
Souhaiter un autre emploi concerne 13% des agents de la fonction publique
Le souhait de changer d’emploi est moins fréquent que celui de modifier son volume horaire, notamment dans la fonction publique. Les agents de la fonction publique sont 13 % à souhaiter un nouvel emploi, en remplacement ou en complément de leur emploi actuel****** : 5 % déclarent avoir effectué des recherches dans ce sens au cours des quatre dernières semaines, et 8% souhaitent un nouvel emploi sans toutefois avoir effectué de recherches récentes (Figure 5).
Souhaiter un autre emploi est plus répandu dans le secteur privé où 17 % des salariés sont concernés, dont la moitié a effectué des recherches récentes dans ce sens. Les plus âgés sont les moins disposés à changer d’emploi. Seuls 8% des agents de la fonction publique de plus de 50 ans souhaitent un autre emploi, contre 18% des moins de 30 ans, et seulement 2% ont effectué des recherches récentes dans ce sens (Figure 6). Les hommes et les femmes ont des comportements assez similaires, qu’ils vivent seuls ou en couple, tandis que les personnes seules avec enfants sont un peu plus nombreuses à souhaiter un nouvel emploi (16%).
Dans les professions intermédiaires de la santé et du travail social, un agent sur cinq souhaite un autre emploi
Les agents de la FPT et de la FPH sont plus enclins à souhaiter un nouvel emploi que ceux de la FPE: 15 % contre 12 %. Dans les professions intermédiaires de la santé et du travail social en particulier, 19% des agents souhaitent un autre emploi. A contrario, c’est le cas de seulement 8 % des professionnels de l’enseignement secondaire et supérieur (Figure 7).
Les agents en CDD ou à temps partiel, plus nombreux à souhaiter travailler davantage, sont aussi les plus nombreux à souhaiter un autre emploi. Dans la fonction publique, 22% des agents en CDD émettent ce souhait, et la moitié a effectué des recherches récentes. Il en va de même pour 19 % des agents à temps partiel, dont 11% ont effectué des recherches. Les contractuels en CDI et les fonctionnaires ne sont respectivement que 10 % et 12 % à souhaiter un nouvel emploi, et peu ont recherché un autre emploi (seulement 4%).
Les fonctionnaires et les agents en CDI veulent changer d’emploi pour améliorer leurs conditions de travail
Parmi les fonctionnaires et les contractuels de la fonction publique en CDI qui souhaitent un nouvel emploi, 38 % évoquent une volonté d’améliorer leurs conditions de travail (Figure 8). C’est la raison la plus souvent citée, devant le souhait d’augmenter ses revenus (29%), le désir d’un emploi plus intéressant (26 %) et la volonté de changer de métier (24 %). En revanche, le désir de stabilité ou le risque de perte d’emploi ne sont logiquement que très peu cités, de même que la volonté de travailler plus d’heures.
Dans la FPH, le souhait d’améliorer ses conditions de travail, dans un contexte de post-crise sanitaire, est cité par plus de la moitié des fonctionnaires et agents en CDI qui souhaitent un autre emploi, devant la volonté de changer de métier (24%). Le désir d’augmenter ses revenus n’intervient que pour 18 % d’entre eux, tout comme celui de trouver un emploi plus intéressant.
Les agents de la FPT citent, eux, plus volontiers le souhait d’augmenter leurs revenus (34 %), devant le désir d’améliorer leurs conditions de travail (30 %) et celui de trouver un emploi plus intéressant (28%). C’est également le cas des salariés en CDI du secteur privé (respectivement 36%, 34% et 28%).
Lorsqu’ils sont en CDD, les agents de la fonction publique souhaitant un autre emploi invoquent, pour plus d’un tiers (36 %), une augmentation de revenus (Figure 9) ; c’est davantage que dans le secteur privé (30 %). Viennent ensuite le désir d’avoir un emploi plus intéressant (26%), plus stable (25 %), le risque de perdre son emploi actuel et la volonté de travailler plus d’heures (19%). Améliorer ses conditions de travail n’est mentionné que par 9% des agents.
Dans la FPH, le désir d’un emploi plus intéressant est cité par 36% des agents en CDD (majoritairement aides soignants ou agents de service), soit deux fois plus que parmi les agents en CDI.